Ici je ne parlerais pas du tout de l'histoire de l'éventail mais plutôt de l'aspect technique de l'éventail : le nom des pièces, la fabrication ...
I - Généralité sur l'éventail Il existe plusieurs types d'éventail. Les noms varient par la forme, l'ouverture, pliable ou non etc ... voici un schéma du musée de l'éventail présentant les principaux types d'éventails ^^
Les éventails à écran pouvait être plissés ou non.
Il existe aussi les éventails appelés 'flabellum' (=flabellum, flabellums, ou flabella) ce sont de grands éventails rigides à long manche. Voici un schéma :
Il existe des éventails à système. Ce sont des éventails avec de petits mécanismes souvent cachés qui bougent et font apparaitre des choses. Par exemple, un petit miroir caché ou des personnages qui s'animent avec une petite tirette.
II - Structure, vocabulaire et composition d'un éventail Pour expliquer la fabrication d'un éventail, il faut d'abord voir le nom et la composition des différentes parties qui le composent.
Pour commencer, une monture d'éventail est composée de deux panaches et de plusieurs brins.
Sur la monture est ensuite montée la feuille.
Parfois l'un des côtés de l'éventail est moins orné, c'est le dos. Parfois la feuille n'était pas doublée, on pouvait voir les bouts au dos de l'éventail ; c'est le montage à l'anglaise. On pouvait aussi voir des éventails sultane, ce sont des éventails dont les bouts sont visibles sur la feuille.
La montureLa monture est la partie rigide de l'éventail composée des brins et des panaches, elle peut être en bois. Ce bois peut être 'indigène' (= poirier, pommier, alisier, acacia, merisier ...) ou 'exotique' (= palissandre, ébène, bois de rose ...).
Elle peut aussi être en nacre qui peut venir de nombreux endroits : nacre blanche de Sydney, nacre noire de Tahiti, burgau (coquille) irisé vert et rose ... L'assemblement des brins est très délicat, le façonneur doit choisir les teintes les plus rouges au centre et faire un dégradé vers l'extérieur.
Elle peut aussi être constituée d'écailles provenant de tortues marines (une carapace = trois grandes plaques et 26 petites = éclons).
L'ivoire était aussi utilisé, provenant d’Asie ou d'Afrique. Aujourd'hui son utilisation est très réglementée et se limite à l'utilisation des stocks existants avant l'interdiction.
La corne est aussi utilisée, pour être précis, la corne de vache. Elle est ouverte à la serpette, chauffée à l'eau bouillante et aplatie. La plus appréciée est la corne blonde venant d'Irlande.
L'os provenant de l'Amérique du Sud, sera en fonction de sa qualité soit utilisé pour une monture commune soit pour un travail plus soigné.
Aujourd'hui, on utilise aussi beaucoup de montures en plastique, comme pour les éventails souvenir ou pour les déguisements. Souvent assez peu délicats, ils sont assez peu répandu dans le monde du costume (sauf exception bien réalisée ^^).
Il existe aussi la galalithe, première matière plastique découverte en 1879, qui a permis de faire des imitations d'écaille.
La feuilleLe projet de la feuille est fait après avoir choisi la monture. Effectivement c'est elle qui va déterminer la taille, l'envergure ainsi que le décor (il faut que la monture et la feuille soient en accord).
La feuille peut-être faite en peau : velin, chevreau, dinde ... mais la peau a très vite été détrônée à cause de la difficulté en approvisionnement. On utilise aussi toutes sortes de matériaux : parchemin, papier, soie, taffetas, organza, acétate, satin, dentelles (de tout types), plumes ...
Le décor de la feuille sera fait en fonction de la mode plutôt pastorale au XVIIIème siècle ou art nouveau par exemple en fonction de la période (voir dans l'histoire de l'éventail).
Les feuilles sont travaillées à plat selon un patron. C'est la même technique pour les peintres ou les dentellières et autres corps de métiers. Le patron de la feuille détermine la composition totale de la dite feuille, il doit prendre en compte le plissage et le montage pour la réalisation de la décoration, éviter qu'un motif ne se retrouve sur une arrête ou un visage coupé etc ...
III - Fabrication d'un éventailLa fabrication d'un éventail commence par la fabrication de la monture.
La première étape est le débitage, à la main ou avec une scie mécanique en fonction de la qualité de ce que l'on souhaite obtenir. Elle permet d'avoir les plaques pour la suite.
Ensuite vient l'ébauchage. Sur un étau pivotant et avec ses limes, le façonneur modèle la monture. Ensuite il colle les bouts, puis entame le polissage.
Pour la corne le polissage se fait avec de la pâte à polir et du suif; pour les autres matériaux, il utilise une brosse dure et de l'huile de lin. Pour le bois il peut utiliser du papier de verre. L'adresse d'un façonneur est jugée sur la pureté des angles, des moulures et surtout par le fait que la monture ne semble faite qu'en une seule pièce.
Généralement, le débitage et le façonnage étaient fait par les hommes, le collage et le polissage par les femmes.
Ensuite vient le reperçage. Il se fait grâce à une scie, les tailles varient en fonction des trous à percer. Le patron avec le dessin est posé sur les morceaux composant la monture. Pour chaque jour un trou est percé, le motif sera exécuté avec une scie.
On enchaîne par la sculpture ou la gravure. Si besoin, la monture sera d'abord sculptée puis gravée. Elle peut être enduite de gouache blanche pour créer le fond. La monture va ensuite passer dans les mains des doreuses et pailleteuses pour obtenir ses finitions. On peut aussi y incruster des petits éclats de nacre (=burgauter). Ensuite on pose la rivure qui peut être ornée d'une pierre par un bijoutier.
Quand la monture est finie et que la feuille l'est aussi, on commence le plissage et le montage.
Au début, on traçait les plis sur la feuille puis on la plissait à la main. C'est assez imprécis et certaines matières ne pouvaient alors pas être plissées. En 1770, le moule à plisser fut inventé. Il est constitué de deux feuilles de cartons plissés. On insérait la feuille entre les deux cartons et on comprimait le tout pendant plusieurs jours. Cela permet un travail plus régulier. Une échelle de 90 modèles est alors créée.
Le choix du moule se fait en fonction du nombre de brins et de la taille en pouces.
La plisseuse plie la feuille en deux et fait une encoche pour marquer l'emplacement de la gorge, puis dégrossit la feuille pour créer un demi cercle. Ensuite elle la place dans le moule.
Elle fait ensuite le montage. Elle prend la monture et la feuille, place la monture en intercalant les bouts entre les plis. Ils sont collés au milieu des plis. Elle coupe le haut de la feuille proprement pour réaliser les finitions. La borduriste et le décorateur finissent l'éventail. Elle réalisera la bordure et il ajoutera un gland, une dragonne ou une chaînette.
L'éventail terminé, il sera présenté au commanditaire qui inspectera si tous les éléments commandés sont bien en place.